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  • Bavure à ...

Ma conscience me réclame des bavures. en voici au moins une qui nécessite à nouveau un flash-back. Années 60 ou 61, vers 22 h, un appel anonyme signale des individus introduits dans les locaux administratifs. Peut-être des cambrioleurs ?

Je n’étais pas en service. C’est le lendemain que j’ai appris ce qui s’était produit et seulement un ou deux ans plus tard ce qui s’était réellement passé.

Dès l’arrivée de la police-secours, les malfaiteurs avaient ouvert le feu et atteint le brigadier, lui logeant une balle en pleine poitrine. Transporté à la clinique, il y avait été opéré d’urgence. Les cambrioleurs avaient pris la fuite. en somme, une affaire banale ayant mal tournée et, de toute évidence, ratée. Mais un collègue était gravement blessé. Ayant pris la relève de la police-secours, je m’étais rendu à la clinique pour prendre des nouvelles où j’avais rencontré le chirurgien : «
Votre collègue a eu de la chance, j’ai extrait la balle, il sera sur pied dans huit ou dix jours. »

Après un temps de convalescence raisonnable, nous aurions dû revoir notre collègue un mois plus tard. il n’en fut rien. il ne revint pas. Il fut nommé officier à titre exceptionnel et affecté à un service sédentaire exempt de voie publique. Quoi de plus normal pour une victime du devoir. rien ne parut dans la presse, pourtant avide de faits divers de ce genre. Plus tard, les “coupables” furent arrêtés dans je ne sais plus quelles circonstances et il fut établi que le jour du casse, ils n’étaient pas armés. Leur arrestation n’avait pas été maintenue. D’autre part, le bruit courait que notre collègue avait toujours sa balle dans la poitrine, si près du coeur qu’il était inopérable. Peu à peu, il s’établissait un mystère autour de cette affaire. Pourquoi toutes ces invraisemblances et démentis ?

Il faudra presque deux ans pour qu’une indiscrétion d’un membre de l’équipe intervenante fasse découvrir la vérité. Toute simple, par ailleurs, et de plus, elle commençait à devenir un véritable secret de polichinelle : le projectile avait bien été extrait, comme me l’avait dit le chirurgien… mais il sortait du pistolet d’un gardien du détachement de police-secours. Facilement identifiable par les enquêteurs. L’intervention avait dû être menée dans la confusion et la précipitation, sans tenir compte, une fois de plus, des dispositions légales de la légitime défense.

On devait sûrement la discrétion du dénouement final à un haut fonctionnaire qui, pour une fois, avait pris ses responsabilités.

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